L’art de chroniquer le quotidien

À l’occasion de la parution de son 2e volume des Chroniques chrétiennes à croquer, qui propose 40 nouvelles méditations inspirées de la vie quotidienne, les Éditions LLB ont interrogé Brigitte Mathis sur son processus créatif et sur ce qui la motive à écrire.

 

Éditions LLB : Votre livre s’appelle Chroniques chrétiennes à croquer, pourquoi avoir choisi ce titre en rapport avec la nourriture ?

Brigitte Mathis : L’homme ne vivra pas de pain seulement. Se nourrir de la Parole de Dieu est une question de survie spirituelle. Ces petites chroniques courtes n’ont pas la prétention de nourrir, mais plutôt de mettre en appétit, de donner envie de croquer à pleines dents dans la seule Parole qui soit. Elles pourraient être les mises en bouche de l’apéro, je crois…

 

EdLLB : Comment vous est venue l’idée d’écrire ces chroniques ?

B.M. : J’avais en charge le journal de l’Église dont j’écrivais l’édito. Parmi les lecteurs dudit journal, Alain avait travaillé longtemps pour une maison d’édition connue. Chaque fois qu’il recevait notre petite publication d’Église, il m’envoyait un message ou m’appelait pour me dire que mes textes étaient excellents et qu’il fallait absolument les publier. J’avoue que je me suis dit qu’il était un peu trop enthousiaste et que ces éditos n’avaient rien qui méritaient pareil engouement (j’ai toujours eu une estime de moi au ras des pâquerettes). Alain n’a jamais lâché l’affaire. Au bout de quatre ans, il m’a eue à l’usure et j’ai envoyé vingt textes à trois maisons d’édition chrétiennes qui ont toutes trois répondu qu’elles étaient intéressées.

 

EdLLB : C’est le deuxième tome, s’il y a une chose que vous voudriez transmettre par ce deuxième volume, ce serait quoi ?

B.M. : Je choisis un extrait de ma chronique « La panne de sens ». Dieu nous offre un merveilleux espace. Supérieur, transcendant. Accessible uniquement par sa grâce. Lui seul peut nous rassasier. Combler notre vide béant. Occuper au tréfonds de notre âme la place qu’il s’est réservée. Il est la pièce manquante du puzzle de notre histoire. Celui qui sait. Notre raison d’être et d’avoir. Et d’aller.

 

EdLLB : Est-ce qu’il y a des choses qui ont changé dans votre manière de voir la vie, dans votre compréhension de Dieu, entre le 1er et le 2e volume et que vous vouliez transmettre dans ce 2e livre ?

B.M. : Oui, beaucoup de choses. La plus importante sans doute qu’il n’est jamais trop tard pour prendre un nouveau départ, changer de rue. Réécrire notre histoire, rattraper le temps perdu. Investir dans des relations (des projets, des combats) qui comptent pour Dieu. (Il est notre « bien » le plus précieux). Et c’est un extrait d’une chronique intitulée « Les feuilles mortes ».

 

EdLLB : Est-ce qu’il y a des commentaires sur votre livre qui vous ont particulièrement touchée ?

B.M. : Les premiers commentaires que j’ai reçus émanaient de gens que j’avais rencontrés alors je me suis dit qu’ils écrivaient ça pour me faire plaisir. Mais quand des personnes que je ne connaissais ni d’Ève ni d’Adam (j’aime bien l’expression) ont complimenté l’ouvrage, je me suis dit « Waouh ! Peut-être que ces textes vont vraiment faire du bien aux lecteurs. Et ça, ce serait formidable ! »

Sinon il y a celui, lapidaire, reçu hier d’une lectrice : « Merci pour votre humour. » C’est important l’humour, je crois que Dieu a de l’humour.

 

EdLLB : Comment faites-vous pour écrire ces chroniques ? Concrètement, comment les idées vous viennent-elles et comment faites-vous ensuite pour les mettre sur le papier ?

B.M. : Les idées me viennent sans crier gare au détour d’une circonstance, d’une lecture, d’une conversation, d’une méditation nocturne… Quelquefois elles sont pressées, ne font que passer et je les oublie vite fait. D’autres fois, j’ai le temps de les noter : j’ai mis un petit carnet et un stylo dans mon sac à main et ma table de nuit. Après, la mise en œuvre, c’est une autre histoire. Je n’écris pas comme ça, « allez hop, on y va et puis voilà ! » Le travail est long et laborieux.

Je laisse venir les idées qui vont étayer le propos, parfois elles m’étonnent, me surprennent. Je ne sais jamais exactement où je vais. Je pèse chacun de mes mots. Je peux passer des heures à chercher la bonne formulation pour finalement tout effacer parce que ce n’est pas tout à fait ce que je voulais exprimer. Je suis capable de rester sur la même chronique pendant deux semaines, trois. Bon, je n’écris que le soir ou le week-end, parce que j’ai un travail très prenant. Et je fais pas mal de choses à côté. Mais je n’ai pas la télé, ne regarde pas de série, ni ne vais sur les réseaux sociaux alors j’arrive à me dégager du temps.

 

EdLLB : Est-ce que vous pensez que c’est quelque chose qui pourrait aider chacun d’entre nous : relire nos expériences, en tirer des leçons de vie et les écrire ?

B.M. : Je ne peux pas parler pour les autres. Ce que je peux affirmer c’est que, pour moi, l’écriture est salutaire. Elle me permet de mettre à plat, de cerner, de débrouiller, de sonder, de scruter, d’avancer… Ces chroniques, je les écris aussi pour moi. Le Seigneur « m’auto-édifie » ! Et bien sûr, je me réjouis de savoir qu’elles édifient les lecteurs ! Il m’arrive de relire l’une ou l’autre pour me rafraîchir la mémoire. J’ai tendance à oublier ce que j’écris !

 

EdLLB : Dans votre livre il y a beaucoup d’humour, mais surtout de l’autodérision, on ne tombe pas dans la moquerie des « autres » ou dans le cynisme. Est-ce que l’autodérision peut nous faire du bien et nous aider à traverser des situations difficiles ?

B.M. : Les gens qui se prennent trop au sérieux ne sont-ils pas des gens tristes et ennuyeux ? Si on reconnaît et assume ses défauts, ses lacunes, ses difficultés, ses échecs, ses écueils… c’est bien. Si on est capable d’en rire, c’est mieux. C’est être résolument soi, refuser de jouer un rôle, de faire comme si, c’est renoncer à ses illusions et à son projet de perfection ici-bas. Il me semble que l’autodérision a quelque chose à voir avec l’humilité.

Quand on comprend que Dieu nous aime comme nous sommes, ça change complètement la donne. ! Ah ! Et puis, et c’est important : l’autodérision ne blesse personne.

 

EdLLB : Un dernier mot pour encourager les lecteurs à lire votre livre ?

B.M. : Just do it !

 

Propos recueillis par Anne Vaubaillon, le 19 octobre 2023

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